Un acteur discret et passionné ; interview de Laurent Bateau
Tout récemment à l’affiche dans le film C’est magnifique de Clovis Cornillac (dans le rôle de Marc Rocher), Laurent Bateau est un acteur discret et travailleur, que l’on a pu voir dans de nombreuses séries, mais également au cinéma, et ce depuis sa première apparition dans le Capitaine Conan de Bertrand Tavernier en 1996.
Alors qu’il ne cesse d’interpréter des rôles au cinéma, sa récente actualité nous a permis de nous replonger dans ses rôles, et le hasard faisant bien les choses, nous avons pu l’interviewer…
• Bonjour Laurent Bateau, parlez-nous de votre rôle de Marc Rocher dans le tout récent C’est magnifique de Clovis Cornillac ?
Laurent Bateau : C’est un gros con ce Marc. Un mec détestable, que l’on déteste du début jusqu’à la fin du film.
Je n’avais jamais joué un mec pareil !! Habituellement, il y a souvent quelque chose qui sauve un peu les personnages, mais là, rien !! Alors c’est jubilatoire à jouer : je gueule sur tout le monde, je suis une ordure, ça a un côté défouloir… mais se voir comme ça, c’est détestable. Et pourtant j’ai joué des tueurs en série, des personnages manipulateurs mais un vrai gros con, je n’avais jamais fait. Merci Clovis !
• Vous aviez d’ailleurs retrouvé Clovis Cornillac sur le film Les Têtes Givrées ! Quel rôle interprétiez-vous ?
Laurent Bateau : J’avais tourné Radiostars avec lui et plus récemment Les Têtes Givrées qui devrait sortir cet hier. C’est un chouette film avec une bande de jeunes incroyables. J’y joue le maire d’un village de montagne et pote de Clovis, mais on a chacun des buts opposés. Lui veut mettre des bâches sur les glaciers avec ses élèves alors que moi je veux laisser les glaciers tels quels pour favoriser le tourisme et faire vivre la vallée. Une fois de plus, on s’affronte tous les deux alors qu’on s’entend très bien dans la vie.
• Vous avez des apparitions en cours sur des séries, où l’on va vous retrouver ! J’imagine que compte tenu de la pandémie, ça a dû être compliqué de jouer, d’avoir des sorties décalées ?
Laurent Bateau : Après la pandémie, on a vite repris les tournages. On a eu beaucoup de chance par rapport à ceux qui étaient au théâtre. D’ailleurs, je préfère la vie qui va avec les tournages qu’avec le théâtre. J’aime partir le matin, c’est très dur pour moi d’attendre le soir pour aller travailler, j’ai beaucoup de mal avec ça, ce qui fait que je tourne essentiellement.
• Une question relative à vos rôles ; on vous retrouve plusieurs fois prêt à endosser une tenue de médecin… C’est curieux, non ?
Laurent Bateau : Ah les fameux rôles du médecin… C’est vrai que j’en ai fait beaucoup. Moi je pense que ça vient de la calvitie. On a le sentiment qu’il a un cerveau plus développé (rires). Le timbre de la voix aussi peut jouer… J’ai parfois un faux calme qui va bien avec ce genre de rôle… Mais j’ai fait pas mal de tueur, je ne sais pas ce que je dois en penser… Je ne vais pas tout mettre sur la calvitie !
• On parle souvent de l’importance des seconds rôles, sans lesquels les personnages principaux ne peuvent exister… Vous avez tourné dans de nombreux films, vous avez été remarqué dans nombre d’eux également… D’abord, est-ce que ce terme vous semble adéquat, et le revendiquez-vous en tant qu’acteur et ‘personnage’ secondaire (si j’ose le mot) ?
Laurent Bateau : J’aime les seconds rôles, je les adore même. Ce que je n’aime pas, c’est les rôles bâclés. Ceux développés en début de film et qu’on abandonne en cours faute de budget. On s’en débarrasse trop vite alors qu’ils font la richesse des films. L’envie de jouer ces rôles comme si c’était des rôles principaux. S’ils sont bien écrits, je m’en fous de la taille. Quand ce n’est pas le cas, j’en ressors frustré, malheureux d’avoir accepté.
• Comment définissez-vous le métier d’acteur aujourd’hui ? Vous avez l’impression que c’est plus compliqué avec la diversification des médias, entre cinéma, télévision, plates-formes, sans oublier le théâtre !?
Laurent Bateau : Je suis bien incapable de définir ce métier. Je ne sais pas si les jeunes l’aime pour les mêmes raisons que moi… Mais je suis un lent et j’aime bien servir les histoires. J’ai bien aimé franchir toutes les étapes et respecter les anciens. J’aime bien être à l’heure, connaitre mon texte et m’amuser à travailler sérieusement avec mes partenaires.
Est-ce que j’aurais aimé être une vedette d’une série sur une plateforme comme ça arrive aujourd’hui ? Je pense que oui, malgré tout
• Vous pouvez nous parler rapidement des sorties à venir comme Detox sur Netflix ?
Laurent Bateau : La série Détox va sortir à la rentrée sur Netflix. J’adore ce rôle d’ancien passionné de musique, bloqué dans les années 80 et habillé tout en jean avec des bracelets partout. Il est proche des jeunes qui l’entoure et en plus il a les cheveux longs, ce qui pour moi est quand même extraordinaire !! Merci Marie Jardillier qui a fait un travail fou sur cette série. Elle a donné un ton très original, je suis très fier d’y avoir participé. Je serai aussi présent sur L’art du crime, une très bonne série France Télévision.
• Avec une carrière aussi diversifiée et longue que la vôtre, quels sont vos souhaits, vos envies, retourner plus vers le théâtre, des rôles plus importants au cinéma ?
Laurent Bateau : Mes envies aujourd’hui se tournent vers des rôles plus conséquents. J’aime avoir des responsabilités sur un film. Me sentir investi, c’est de plus en plus important pour moi. Sur une série c’est plus facile de vivre ça. Et en plus j’adore ça en tant que spectateur.
• Merci Laurent Bateau pour avoir partagé avec nous vos actualités et vos impressions sur le métier !
Laurent Bateau : Merci à vous pour cet entretien !
Sylvain Ménard, juin 2022
Laurent Bateau, Crédit photo : Guillaume Plas
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