Inspirée et poétique, la musique écrite par la compositrice nous renvoie à des impressions riches et profondes, n’hésitant pas à utiliser des flûtes japonaises et des rythmiques bien spécifiques comme sur « La reÌveÌlation du chocolat » afin de nourrir son propos. Mais elle sait également nous émouvoir au travers de ce qui ressemble à des évocations mélancoliques et subtiles ; « MeÌre » et « EÌchos de curiositeÌ », en étant deux bons exemples ; ou des mouvements légers et ‘doux’ comme « Mamie » !
Mais, Mari Fukuhara va également nous étonner en faisant siens des modes plus classiques et en construisant des mouvements particulièrement aériens.
Ainsi s’appuyant sur cette démarche, la compositrice introduit des ‘touchés’ de piano tellement stylisés et élégants que nous avons l’impression de nous retrouver dans cette période musicale bénie que fut le ‘classique moderne’ avec des Satie, des Ravel (les œuvres pour piano plus particulièrement) sur des morceaux comme « Le jardin » ou « Jeux d'eau ».
Et à contrario certains passages s’inscrivent dans une dynamique bien moderne comme avec « Mamie » et « Tu es la pluie »… ; ou bien, comme sur « La petite AmeÌlie », « La comptine de Takeda » et « MeÌnage de printemps », avons-nous l’impression de 'voir' un animé japonais, la musique jouant alors avec une certaine nostalgie et usant de codes qui nous sont familiers.
Par la suite le joli « Ouvrir la mer » nous offrant un passage très pur et presque religieux, avons-nous l’impression de plonger dans un univers plus fantasmagorique, ce que « Sans lui, pas de moi » confirmera dans son approche plus atmosphérique et contemplative. Ainsi de moments fragiles ou sensibles, à d’autres plus romantiques ou introspectifs, sommes nous ballotés d’un thème à l’autre, emportés vers un dénouement que « Vide sideÌral » et « EÌpilogue » consacrent dans une forme enjouée et délicate.
… Et il y a sûrement bien d’autres choses à dire sur cette composition magnifique ! Ajoutons que le score nous donne parfois l’impression d’assister à une représentation, où se jouerait une œuvre concertante et dans le même temps contemporaine, empruntant au cinéma d’animation japonais certains de ses gimmicks, et à la musique moderne certains de ses usages.
Fort curieusement - c’est un peu une boutade à l’intention de nos amis de 22D Music - l’album nous offre un confortable 45 minutes de plaisir ! Nous connaissons depuis suffisamment longtemps 22D Music, pour savoir à quel point la qualité des œuvres leur importe, à quel point leur contribution à une dynamique permettant aux femmes - aux compositrices - d’occuper le devant de la scène, est importante. Souvent, trop souvent (il faut bien trouver quelque chose à redire…), nous avons regretté la brièveté des albums… ayant comme l’impression de rester sur notre faim !
Dans ce cas précis, le label offre une réelle présence à la musique du film composée par Mari Fukuhara, nous invitant à découvrir une œuvre d’une grande force et d’une inventivité certaine, qu’un minutage conséquent permettra à l’auditeur d’apprécier dans toute sa complexité.
‘AmeÌlie et la meÌtaphysique des tubes’ sera en compétition officielle au Festival international du film d’animation d’Annecy qui aura lieu du dimanche 8 juin au samedi 14 juin 2025. Le film sortira en salles le 25 juin, de même que la bande originale qui sera quant à elle disponible sur toutes les plateformes (pre-save disponible dès à présent : https://idol-io.ffm.to/amelieetlametaphysiquedestubes).
Sylvain Ménard, mai 2025
‘AmeÌlie et la meÌtaphysique des tubes’
Composé et orchestré par Mari Fukuhara
Label : 22D MUSIC
01. Dieu, le tube
02. MeÌre
03. Bienvenue
04. La reÌveÌlation du chocolat
05. Le plaisir
06. EÌchos de curiositeÌ
07. AndreÌ
08. Mamie
09. Le jardin
10. Jeux d'eau
11. Va au temple
12. Tu es la pluie
13. La petite AmeÌlie
14. La comptine de Takeda
15. DeÌpart en Belgique
16. MeÌnage de printemps
17. Obon
18. Ouvrir la mer
19. Sans lui, pas de moi
20. Nishio-san
21. Le domaine de Kashima-san
22. DeÌsillusion
23. Carpe Diem
24. Vide sideÌral
25. EÌpilogue
26. hana