ANDOR la nouvelle série Star Wars de Disney ; où comment une série si prometteuse sur le papier, s’avère vide de tout.

C’est à un bien triste constat que celui auquel la série ANDOR de Disney nous invite ! Bien qu’il s’agisse d’une série pleine de qualité et visuellement très intéressante, elle reste platement filmée, bien trop lente et décousue, sans réels enjeux ; l’absence flagrante de scènes d’actions - nous sommes sur un Star Wars quand même - relevant de choix étonnants. 

Aussi entre longueurs et perte d’intérêt pour les personnages (comme la vie intime de Mon Mothma pour laquelle il n’est pas certain qu’on puisse se passionner…) ; la série cumule les poncifs et si elle s’avère assez irréprochable quant aux décors et mondes dévoilés, elle est trop lente à mettre en place ce que le spectateur attend, l’action ! S’y ajoute un montage qui alterne des scènes trop brèves ou trop bavardes, nous noyant dans un triste dédale de "non-péripéties", et d’absence d’une musique digne de ce nom.



On se demandera toujours pourquoi dès lors que la série suit un personnage et ses aventures chronologiquement, le montage reste toujours aussi mal fait, nous infligeant des épisodes soit trop "maigres", soit interminables, sans cohérence ni logique. On a appris que le travail d’un script était de remplir les blancs, préparer les séquences, les cumuler et ‘in fine’, leur permettre de remplir un espace. Ce que l’on pouvait tolérer sur le Mandalorien, chaque épisode étant vécu comme une aventure avec son début et sa fin, ne fonctionne plus quand on assiste à un show qui décompose une aventure, cette dernière se déroulant sur 8 ou 10 épisodes. Platement filmée, décousue et trop « saucissonnée » entre les personnages secondaires ou de premiers plans, Andor est une série du pauvre, où l’on peine à retrouver l’esprit Star Wars… 


On ne développe pas une série en comptant simplement sur le travail de ILM et le nom de Lucasfilm pour réussir à toucher son public…un gage de qualité somme toute ? Non, il faut structurer, concevoir et maintenir l’intérêt qui alors que avons vu la moitié du show, ne nous a finalement rien dévoilé et que nous attendons toujours une révélation, de l’action. Considérant également le ratage (voir article) que constitue sa musique - ou son absence de musique - le constat n’en est que plus cuisant. Dommage car la série est bourrée de clins d’œils, de créations originales ou de citations (planètes, vaisseaux…), toutes choses relevant du concept ou du design, mais omettant la part la plus importante, le scénario où doivent évoluer les acteurs. Et là également le jeu d’acteur sur certains personnages est trop caricatural, comme s’il s’agissait de caractères laissés pour compte et ne faisant que meubler, faute de quoi le casting se verrait réduit à quelques têtes d’affiches ! Il semblerait que la production ait oublié l’importance des seconds rôles.
Cela donnera cette sensation de lenteur, voire de lourdeur, et de quelque chose d’inachevé. Une production navrante, tel est le mot qui vient à l’esprit, tant les bandes annonces nous avaient enthousiasmés. 

On se posera également la question, alors que les séries Star Wars ne sont guère reluisantes, de comprendre pourquoi la production des longs métrages à venir est aussi chaotique ; et pourquoi alors que le matériau d’origine (films, livres, comics…) ayant réussi aux séries d’animations ; il nous offre cette indigeste pensum nommé Andor, trop long et indigne de fait de son illustre prédécesseur Rogue One ! Car c’est bien de cela qu’il s’agit d’une corvée, comme si cette production n’avait réussi qu’à attiser l’intérêt des spectateurs, en ne voulant pas y mettre trop d’énergie.
Et alors que Disney est incapable de produire une série satisfaisante, il est curieux - pour reparler des films en « attente », de se rendre compte à quel point la frilosité des exécutifs leur impose ce mode de pensée ; un mode où ils attendent les retours d’audience de séries qu’ils ont initiés (et massacrées), avant de mettre en chantier les longs-métrages. Quand on ne souhaite pas se rendre compte qu’occuper de l’espace, veut dire le faire intelligemment et avec le respect dû au spectateur, comme c’est le cas chez Netflix avec Strangers Things ou Amazon avec les Anneaux de Pouvoir, on ne peut que mal produire. Disney+ devient donc une plate-forme de diffusion, à peine meilleure qu’une chaine à péage classique. Où est l’originalité, ou est l’envie de briller ?

Rarement show n’aura autant mérité l’appellation de « série Disney », soulignant par la même l’abandon de toute velléité de faire autre chose qu’un produit rentable pour tous et vidé de toute substance, disponible en exclusivité sur leur plate-forme. Et nous parlons bien de l’abandon de tout ce qui en fait du Star Wars, son identité, son âme si vous préférez !
On peut parler de qualité scénaristique douteuse sur maints shows Star Wars - de certains épisodes du Mandalorien, à la presque totalité de ceux de Boba Fett, tout en accordant un bénéfice certain à Kenobi, qui bénéficie de personnages attachants et d’une musique prenante. Et dans le même temps, on peut essayer de sauver ce qui peut l’être sur Andor. Car la dénonciation de l’obscurantisme de cette période et du totalitarisme, sans oublier la critique sociale qui s’y ajoute, ne pouvait qu’apporter une vent nouveau ! Las, ce ne sera pas le cas et comme dit précédemment, si les bonnes idées ne manquent pas, c’est par le bais de la réalisation et du script que tout se jouera. Jouant sur trop de lenteur et de digressions, se perdant au gré des lieux et des personnages, l’action en pâtit, la psychologie des personnages n’a plus rien de nouveau, et l’univers musical cher aux fans n’est pas au rendez-vous.

Ainsi sans exagération, on pourrait prétendre que Disney est redevenu le Studio à bout de souffle des années quatre vingt dix, où la production ne sortait rien de viable, rien de grandiose. Ici c’est loin de toute considération monétaire - puisque Disney a des moyens - que nous envisageons cette évidence. Produire autant et si mal, ne peut finalement que mener à une seule extrémité. 
Et quand on voit la qualité intrinsèque des films des deux premières trilogies, et n’en déplaise à certains, la relative réussite de la dernière trilogie, on ne peut que voir comment fonctionne - malgré les critiques et reproches de tout ordre - une production digne de ce nom.
On en vient donc à regretter ces mauvaises séries, qui nous privent probablement d’un ou deux films d’envergure, parce que vous imaginez bien que Disney a quand même investit de l’argent dans ces multiples saison du Mandalorien, Fett, Kenobi ou Andor - dommage donc.
Une question me brûle les lèvres : Georges Lucas regrette t-il d’avoir vendu Lucasfilm à de tels mercantis ? 

Sylvain Ménard, octobre 2022