La voix superbe de la chanteuse lyrique iranienne Anousha Nazari, nous emporte avec elle au gré de ces pérégrinations musicales et vocales, un magnifique moment de plénitude et de bonheur que votre serviteur (grand amateur de musique d’Orient et d’Asie) a particulièrement aimé.
A cinémaradio nous soutenons l’Art et la culture… et quoi de plus intense que cette immersion dans un univers poétique et sublimé par une voix profonde et mélodieuse.

Nous connaissons peu - et c’est bien dommage - le grand auteur persan Omar Khayyām, qui fut tout autant un poète et un savant, et dont les écrits sont d’une facture assez incroyable pour l’époque. S’appuyant sur ses quatrains qui souvent reflètent un certain pessimisme, critiquent la religion et célèbrent la bonne chair et le bon vin, l’album s’empare de ses textes, et nous les rend transformés et embellis par la voix d’Anousha Nazari qui les transpose dans un contexte que les amoureux de beau chant, de phrasés délicats et d’une belle écriture musicale, sauront apprécier. 

Si la beauté des textes pouvait trouver une transposition adéquate que le monde moderne puisse être à même de comprendre, c’est de fait grâce à la musique. Avouons qu’aujourd’hui réussir à passionner des auditeurs ou des spectateurs avec de la poésie, encore plus avec des quatrains, et sous leur forme de strophe en quatre vers, paraît relever de la gageure. ‘Abstrait’, ‘opaque’, tels sont les mots qu’on leur associent généralement, quand on n’emploie pas l’expression ‘destiné aux élites’… Certes l’Art englobe maintes formes, mais la poésie en rebute plus d’un. 
Ici avec cette ‘mise en musique’ et l’adaptation par la mezzo-soprano Anousha Nazari de huit quatrains, c’est tout un monde qui s’ouvre à nous. D’une musique dont on louera l’universalité avec le piano et la clarinette, à cette voix parfaite que la cantatrice nous offre ; de petites miniatures soigneusement conçues, à ces tempi délicats accompagnés de ces phrasés exigeants ; tout concoure à faire de l’écoute de cet album, une expérience rare !
Nous sortons apaisés et convaincus que le bonheur (Épicure n’est pas loin) tient en peu de choses ; en une ambiance ouatée et propice à la contemplation, à l’écoute de morceaux ciselés qu’une voix au timbre splendide sacraliserai presque.

Preuve s’il en était besoin que l’Iran reste un pays d’arts, l’œuvre réunit des compositeurs iraniens contemporains, Aso Kohzadi, Rouzbeh Rafie, Basir Faghih Nasiri, Mehdi Panahi.
A l’occasion de la sortie de ce bel album, un concert exceptionnel réunira le 3 mai salle Cortot, la mezzo-soprano Anousha Nazari, la pianiste Laurianne Corneille et le clarinettiste Amaury Viduvier.

In vino veritas. Hommage à Khayam
Anousha Nazari (mezzo-soprano), Laurianne Corneille (piano), Amin Ebrahimi (clarinette)
Compositeurs : Aso Kohzadi, Rouzbeh Rafie, Basir Faghih Nasiri, Mehdi Panahi
01. Dord-e-Sharab 04:01 (composé par Aso Kohzadi)
02. Mey-e-Nab 05:25 (composé par Aso Kohzadi)
03. Az Aamdanam 03:42 (composé par Basir Faghih Nasiri)
04. Hich 02:50 (composé par Basir Faghih Nasiri)
05. Benshin Paasho 01:36 (composé par Basir Faghih Nasiri)
06. Hast o Nist 03:35 (composé par Basir Faghih Nasiri)
07. Last Night at the Ceramic Artist's Studio 04:43 (composé par Rouzbeh Rafie)
08. Coming & Going 02:25 (composé par Mehdi Panahi)

Une production de Gondishapour, en partenariat avec la Société Nationale des Beaux Arts (1862).
Création & Direction Artistique : Sina Abédi.

  
Sylvain Ménard, avril 2024