Se connecter
‘L’homme au bâton’ de Christian Lara, une incursion entre thriller et mystère en Guadeloupe, le 9 octobre au cinéma
06 octobre 2024 à 15h00
Assez envoutant, le métrage de Christian Lara, 'L'homme au bâton' est une œuvre à découvrir pour peu que vous ayez envie d’aller « voir ailleurs » ! Car le cinéma de Christian Lara est original, osant s’appuyer sur des légendes ou des mythes, mélangeant habilement ces ingrédients avec une trame policière et moderne, lorgnant au même moment vers la problématique des féminicides et du harcèlement.
Ce voyage dans cet endroit dépaysant qu’est la Guadeloupe, est l’occasion pour le cinéphile de s’immerger dans une culture différente - certes - mais surtout des croyances qui auront donné jour à ce personnage.
Entre superstitions et enquête policière, L'homme au Bâton s’avère un très bon film qu’on découvre dans un cadre de carte postale (oui, c’est un cliché cette expression), et qui oscille entre la poésie (quand ce n’est pas du fantastique avec cette scène où apparaît le Baron-Samedi), le mystère et le thriller.
Alors que les chaines publiques ont largement développé les séries ‘Meurtres à…’ se déroulant dans des villes et régions différentes ; cette opportunité de vivre sur cette île cette enquête, est bien plus plaisant, parce qu’on y parle d’occulte et de mystère, de cet inconnu qui peu à peu déforme notre réalité. C’est aussi en cela que le film fait mouche dans sa description des personnages, dans leur crédibilité, chacun avec ses forces et ses faiblesses, le réalisateur n’oubliant pas de temps en temps de ‘piquer’ certaine institutions, critiquant certaines mentalités, faisant de son film un témoin de son temps.
Nous suivons ainsi cette enquête qui prend des allures de poursuite d’un meurtrier misogyne et aux objectifs incompréhensibles, et ce faisant nous côtoyons une galerie de personnages plutôt bien ‘brossés’, l’histoire nous plongeant dans une trame où la culture guadeloupéenne et ses traditions se confronte au monde moderne et à ses excès.
Une question que l’on ne peut s’empêcher de se poser tout de même ; pourquoi les médecins légistes sont-ils fréquemment représentés portant le nœud papillon ? Curieux, non ?
Mais revenons-en à notre sujet : le film - qui bénéficie d’un très jolie photo et de belles ambiances - est rondement mené, et si certains clichés ont la vie dure (l’image de la police, la nonchalance parfois de l’administration, et j’en passe), l’histoire se suit avec plaisir et les acteurs y sont convaincants.
Puisant aux sources de ce qu’est la Guadeloupe avec une histoire tumultueuse, et au delà du fait d’être une légende créole, L'homme au Bâton est une formidable vitrine sur un cinéma des îles, sur une volonté de faire un cinéma différent.
Alors que le réalisateur, Christian Lara, nous a quitté en septembre de l’année dernière sans avoir pu voir cette dernière œuvre, sans doute est-ce là une sortie qui revêt une dimension toute particulière et qui aura le réel mérite de faire découvrir un auteur, et une île que d’aucuns ne connaissent que comme lieu de villégiature.
Synopsis : Deux femmes sont retrouvées un matin en Guadeloupe, battues à mort à coups de bâton. Cela suffit pour que la rumeur parle du retour de l’« homme au bâton », personnage énigmatique qui a défrayé l’actualité en 1956 en assassinant - avec le même protocole - plusieurs femmes sans être arrêté. Le capitaine Pierre Mombin et le lieutenant Mélissa Louis Joseph, chargés de l’enquête, vont tenter d’élucider les crimes du présent en ré-ouvrant l’enquête des meurtres non élucidés de 1956.
Sylvain Ménard, octobre 2024
Crédits photos : © L’homme au Bâton, Skyprod, Night ED Films, Gnama Baddy-Dega