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Ce film d’horreur, ou plutôt de science-fiction horrifique, fut interdit en France au moins de 12 ans. Et oui, il y avait encore une censure, ce qui peut sembler dérisoire aujourd’hui, mais qui finalement s’avère d’une utilité certaine, surtout au vu des débordements réguliers auxquels on peut assister en regardant les programmes TV. Vous me direz que les interdictions au cinéma et à la télévision ne sont pas du même ressort, ce qui est vrai, néanmoins elle indiquaient une limite éventuelle à laquelle le jeune spectateur avait la capacité de comprendre et d’intégrer ce qu’il voyait… mais nous nous éloignons du sujet.
L’histoire se passe dans une petite bourgade américaine où la vie paraît se dérouler normalement jusqu’à l’arrivée d’un météore s’écrasant dans la forêt. Dès lors tout va basculer, et deux jeunes « héros », car nous avons besoin de héros !, feront la découverte, à l’endroit de l’impact, d’une sorte de chapiteau de cirque, où ils découvriront des cosses contenant des cadavres et rencontreront les étranges personnages qui l’habitent. Se rendant compte qu’il s’agit d’un vaisseau extraterrestre, que ses occupants ressemblent à des clowns, vicieux, difformes et surtout cannibales, ils essaieront par tous les moyens d’alerter les autorités. Ici va se greffer (et ça n’a pas changé) la critique au vitriol ; du shérif, ancien de la guerre de Corée, détestant la jeunesse ; jusqu’aux attitudes antisociales usuelles des habitants des petites villes rurales américaines.
Le film va s’axer ensuite sur une volonté de désamorcer les situations, construisant les attaques comme des gags, montrant des personnes apeurées et désarmées. Nous ne dévoilerons pas ce qui fait l’intérêt de ce film, mais dans cette débauche de trouvailles visuelles, et même s’il était bâti sur un schéma pré-existant (la critique ou la satire, la dénonciation des mentalités…), le script développait des péripéties plus originales et novatrices, assumant son côté gag visuel permanent, souvent burlesque, et clairement revendiqué par son réalisateur… et de ce fait pouvait prétendre au statut de film culte.
Les Chiodo Brothers (Stephen, Charles & Edward), des natifs du Bronx, sont à la base des artisans du septième art, travaillant sur les trucages et les effets spéciaux. Ils s’étaient spécialisés dans les marionnettes et l’animatronique et on retrouve une certaine ambiance poétique et fantasmagorique comme cette scène avec des jeux d’ombres chinoises qui verra l’ombre devenue un dinosaure dévorer des badauds, ou par le biais quasiment de ce clin d’œil à Ray Harryhausen au détour d’une scène. Pour ce qui sera leur unique film, ils élaborent un scénario rendant hommage à l’humour noir et à des débordements qui renvoient autant au grand guignol - des désintégrations à l’absorption de fluide vital (à la paille) - qu’à l’horreur pure - une décapitation désopilante entre autre joyeuseté ! Il ne faut bien évidemment pas y voir un chef d’œuvre absolu, mais simplement un film pour les amoureux du 7ème art (et de l’horreur ça va de soi), qui est devenu culte parce qu’il empruntait à diverses sources, dont certaines détournées, et n’oubliait pas de critiquer cette Amérique profonde.
Il serait d’ailleurs amusant de se demander qui de « Ça » (Stephen King) ou de « Killer Klowns from Outer Space », est le plus iconoclaste, dérangeant ou caustique ! D’ailleurs curieusement, alors qu’ils ont plutôt la côte, les clowns sont peu présent dans le folklore horrifique, ou du moins ont rarement eu l’écran pour eux seuls.
Le film fut nominé en 1990 par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur (Academy of Science Fiction, Fantasy and Horror Films) - pour ce qui fut la 16ème cérémonie des Saturn Awards - dans les catégories de la meilleure musique et des meilleurs costumes.
Nous reviendrons dans un autre article sur son score signé John Massari.
Sylvain Ménard, juillet 2019.