Maxime Jean-Baptiste joue ainsi avec son spectateur, lui montrant ce territoire riche de sa culture et de ses habitants, un 'pays' qu'on voit rarement être aussi puissamment évoqué, dans une évocation qui n'use ni de clichés ni de facilités. C'est un film qui dans son approche emprunte au documentaire mais nous immerge dans une narration presque imaginaire, celle d'une famille endeuillée qui continue à chercher à comprendre, et notamment au travers du regard de ce jeune enfant, Melrick, ou du meilleur ami de son oncle prématurément disparu ou de celui de la mère de ce dernier. L'image de la violence qu'on associe trop facilement à la Guyane, trouve dans ce film sensible et parfois bouleversant, un contrepoint étonnant avec ces scènes qui évoquent le recueillement ou la tendresse… Des sensations profondes et poignantes, qu'avec délicatesse, le réalisateur fait surgir par petites touches.
Un film profond, qui aura le mérite de nous montrer l'envers de ce décor qui nous apparaît bien trop souvent caricaturé - entre racisme, violence, la difficulté d’être autant éloignée de la métropole - et en même temps un film sur le deuil et le sentiment d'injustice.
Finalement, sans exagération et sans pathos, Maxime Jean-Baptiste nous aide à comprendre que les situations dramatiques ne sont jamais que le fait de quelques individus ; et que la haine ou l'envie de se faire justice ne font que nous diminuer.
Un vrai sujet d'actualité, qui, de par le sentiment d'universalité qui s'en dégage, nous touche particulièrement.
Synopsis : Melrick, un adolescent de 13 ans, passe ses vacances d'été chez sa grand-mère Nicole, à Cayenne, en Guyane. Sa présence et son désir d'apprendre à jouer du tambour fait resurgir le spectre de Lucas, le fils de Nicole, lui aussi tambouyé, mort dans des conditions tragiques 11 ans plus tôt. Confronté au deuil qui hante sa famille et au désir de vengeance du meilleur ami de Lucas, Melrick cherche sa propre voie vers le pardon.
Sylvain Ménard, juillet 2025